Pour La Science – octobre 2025 / n°576
- La pomme de terre descend en partie de… la tomate (I. Bellin, Pour la Science octobre 2025)
Environ 40 % des gènes de la pomme de terre proviendraient de la tomate, suite à un croisement naturel de celle-ci avec une espèce sauvage non tubéreuse, Solanum etuberosu, il y a neuf millions d’années. La pomme de terre (Solanum tuberosum) est la seule, parmi les solanacées, à posséder des tubercules (vs les tomates, les poivrons, les aubergines, les physalis…). Des scientifiques avaient suggéré, récemment, une parenté entre les espèces sauvages tubéreuses et non tubéreuses, ou avec les tomates… sans réponse phylogénétique satisfaisante jusque-là. L’arbre phylogénétique des pommes de terre sauvages est désormais tracé. Ces pommes de terre seraient directement apparentées à deux groupes de Solanum non tubérifères, les tomates d’une part, les etuberosum d’autre part, signature d’une probable hybridation il y a environ 9 millions d’années. Les scientifiques ont également identifié, dans l’ascendance « tomate », un gène impliqué dans la formation des tubercules. De quoi réviser les connaissances sur l’origine de la pomme de terre…
- La roche d’Akilia, l’une des plus anciennes du monde, est d’origine sédimentaire (N. Butor, Pour la Science octobre 2025)
Datée de 3.65 Ga, cette roche groenlandaise serait d’origine sédimentaire. Un argument pour considérer qu’il existait des continents émergés dès cette époque ! Pour trancher entre une origine sédimentaire ou magmatique, les scientifiques ont dû développer une nouvelle méthode fondée sur l’analyse des isotopes du potassium….
- Ce que notre santé doit à la vie sociale des mitochondries (M. Picard, Pour la Science octobre 2025)
Cette « vie sociale » est une façon, en fait, de dénommer les multiples interactions existant entre les différents organites d’un chondriome, à l’image, probablement, de leurs ancêtres bactériens : la communication entre mitochondries peut se mettre en place après fusion mais également après établissement de nanotunnels ou même par production (et réception) d’hormones stéroïdes !Au total, un article utile pour revisiter nos connaissances au sujet d’un organite souvent réduit, dans les cours, à son origine endosymbiotique et à ses fonctions énergétiques…
- Comment le vent déplace les grains de sable (É. Kierlik et J.-M. Courty, Pour la Science octobre 2025)
La formation et le déplacement des dunes reposent sur le transport des grains de sable par le vent, ou saltation. Une analyse détaillée de ce mécanisme complexe permet de prendre en compte la notion de couches limites entre écoulements laminaire et turbulent et l’influence de la taille des grains impliqués dans le déplacement.
Pour La Science – septembre 2025 / n°575
- Les lymphocytes T, messagers vers le cerveau (M. Jamet, Pour la Science septembre 2025)
Un nouveau rôle pour les lymphocytes T : le contrôle de l’alimentation. Capables de migrer du tissu adipeux vers une région au centre du cerveau, ces cellules moduleraient le comportement alimentaire.
- L’expansion d’Homo sapiens en Afrique (F. Savatier, Pour la Science septembre 2025)
Homo sapiens aurait développé, il y a environ 50 000 ans, une occupation de différentes niches écologiques avant de réaliser sa plus grande vague migratoire vers l’Eurasie. D’où l’idée qu’une augmentation de la plasticité écologique des populations fondatrices était un préalable à cette migration.
- Lacépède et le transformisme (S. Schmitt, Pour la Science septembre 2025)
Retour sur ce scientifique dont on fête le bicentenaire, et adepte d’un transformiste plus consensuel que bien d’autres de son époque.
- Adorables ??…, les marmottes… (H. Le Guyader, Pour la Science septembre 2025)
Le point sur un animal mythique de nos montagnes.
Pour La Science – août 2025 / n°574
- Condensats biomoléculaires : une nouvelle clé de l’organisation cellulaire (N. Ball, Pour la Science août 2025)
Après les biofilms…, voici les condensats biomoléculaires ! Ces derniers sont principalement des assemblages nucléoprotéiques (ARN-protéines) dynamiques, présents au sein des cellules, et dont on commence à découvrir les multiples implications dans le fonctionnement cellulaire. Certains chercheurs considèrent qu’ils sont un reflet (un vestige ?) des premières associations moléculaires à l’origine de la vie. On les qualifie de condensats car ces assemblages se font et se défont selon les conditions physico-chimiques régnant au sein de certains territoires cellulaires – à l’image d’une condensation de vapeur d’eau en gouttes ou d’une séparation de phase entre eau et huile -. Il apparaît qu’ils interviennent lors de chocs thermiques pour en atténuer les effets, qu’ils participent à certains mécanismes de réparation de l’ADN ou encore participent à la mise en place des transcriptomes et protéomes en favorisant par exemple l’assemblage des ribosomes ou à l’empilement des saccules golgiens. Leur dégradation est suspectée dans le développement de certaines maladies ! L’originalité des condensats est aussi structurale : leurs protéines présentent souvent des extrémités établissant des liaisons faibles et peu sélectives avec d’autres molécules et des segments intercalaires désordonnés et flexibles. Ces extrémités peuvent être modifiées par ajout d’ions (PO43-…) après intervention de certaines enzymes. Les ARN sont multiples : ARNm, mais aussi ARN non codants. En favorisant les interactions moléculaires et la formation de compartiments organisés, ils pourraient avoir été des acteurs prébiotiques.
- Comment les racines s’orientent en direction de l’eau (I. Bellin, Pour la Science août 2025)
La recherche d’eau de la solution du sol est, pour les racines, affaire de croissance, de gravitropisme, et d’hydrotropisme. Au niveau de la racine principale, le gravitropisme est l’acteur principal de cette recherche, et la racine doit s’affranchir de son effet pour se diriger vers des zones où l’au est plus disponible. L’utilisation de mutants, combinée à la suppression du gravitropisme (cf la roue de Knight) a permis de montrer qu’un gène (MIZ1) dont l’expression semble stimulée là où le sol est sec, inhibait le gravitropisme, permettant à l’hydrotropisme d’opérer.
- Le mimétisme malodorant de certaines fleurs (I. Bellin, Pour la Science août 2025)
N’allez pas croire que toutes les interactions entre insectes et plantes sont établies sur un système de récompense offerte (nectar…) au pollinisateur. Certaines plantes préfèrent diffuser des odeurs fétides, principalement des oligosulfures, pour attirer moucherons et autres coléoptères. Les voies métaboliques impliquées dans la synthèse de ces molécules commencent à être comprises et signent des exemples de convergence évolutive.
ZOOM Nature – août 2025
Sur Zoom Nature, 3 nouvelles chroniques proposées cette semaine
- les multiples différences entre deux espèces de chênes https://www.zoom-nature.fr/chene-sessile-versus-pedoncule-si-proches-si-differents/
- les causes d’un déclin constaté depuis 1970 https://www.zoom-nature.fr/declin-du-moineau-en-ville-une-etude-de-cas/
- retour sur un genre souvent oublié, le grémil (Lithospermum) https://www.zoom-nature.fr/herbes-aux-perles-brises-pierre/
Ouvrages…
- Biochimie fonctionnelle : des interactions ligand-protéine à l’enzymologie, C. Lebrun – Dunod : revue des méthodes et des outils impliqués dans l’étude et la caractérisation des interactions entre protéines/ligand et dans la mesure de l’activité des enzymes par des approches cinétiques
- Mémo visuel de biologie végétale, Daniel Richard et al., 2e édition – Dunod : édition très enrichie et révisée, publiée en juillet 2025 dans la collection « Tout en fiches ». Chaque thème (172 !) est abordé sous la forme d’une fiche associant les notions essentielles avec d’excellents schémas ou photographies.
- S’entraîner en géologie, Pierre Thomas et al. – De Boeck supérieur / Vuibert : à paraître en septembre 2025. Une édition réunissant notions à retenir, schémas et exercices.
- Paléontologie et évolution des inverébrés, G. Dera et coll. – Dunod : un regard croisé sur les données paléontologiques, stratigraphiques, biologiques et génétiques les plus récentes sur l’évolution des principaux groupes d’invertébrés
- Biologie animale, Maxime Hervé – De Boeck supérieur – Vuibert : une approche originale et utile de la biologie animale, réunissant héritage phylogénétique et contraintes fonctionnelles. Publiée en août 2025.
- Aux origines de la domestication animale, Jean-Denis Vigne – Quae éditions : l’analyse d’un processus lent, complexe, étalé sur des siècles, marqué par une intensification progressive des interactions écologiques et culturelles entre humains et animaux. Publié en juin 2025.
- Les coups de théâtre de l’évolution, G. Lecointre – Quae éditions : retour sur 50 découvertes majeures…
- Spécial Bcpst… : Canguilhem, philosophe du Vital / Comment Lire La connaissance de la vie. Laurent Loison, Editions Vrin, paru en juillet 2025, dans la Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie – 12 €. La connaissance de la Vie de Canguilhem est au programme de Lettres-Philosophie (thème “Expérience de la nature“). Seuls quelques chapitres de ce recueil de textes sont en réalité au programme. Le livre de L. Loison, spécialiste de G. Canguilhem, vient en éclairer la lecture.
- Spécial Bcpst : Expériences de la nature en 25 résumés et dissertations – Épreuve de français-philosophie – Concours 2025-2026, M. Hubac et coll. – Vuibert